Wednesday, June 30, 2004

Je suis assis dans un transat au bord de la piscine en plein air de mon condominium. Celle-ci se trouve à mi-hauteur de la tour, formant une sorte de tremplin vu du sol. Aujourd'hui, comme n'importe quelle autre après-midi de semaine, seuls les enfants, leurs nourrisses et quelques jeunes femmes de loisir, barbotent ou se reposent, selon les goûts.

Je contemple le carton trouvé ce matin dans ma boîte à lettres. Madame et Monsieur Dawning ont le plaisir de m'inviter, ce soir même, à leur "désormais rituel" cocktail de "bon voisinage". Mon agenda fort allegé me permettra sans doute de répondre favorablement à cette invitation. Je balaie du regard les dames langoureusement désoeuvrées qui m'entourent, espérant repérer un regard complice. Mais pourquoi gâcher une si délicieuse surprise?

Je me lève, referme ma chemise et appelle l'ascenseur. Il me faudra tout à l'heure envoyer 'Peter' chercher quelque bouquet exotique.


Monday, June 28, 2004

Mon après-midi s'écoule dans une ruelle populaire du centre ville. Je suis assis devant une petite échoppe ayant installé une table en formica en devanture, sans doute à l'intention du vieux patriarche que j'apercois au fond de la boutique.
Quelques enfants jouent dans l'allée, tout en m'observant, moi et ma Tyger Beer, d'un regard taquin.


Sunday, June 27, 2004

0:22. Orchard Road.

Je suis a present dans un cafe Internet, situe a l'interieur d'un centre commercial ne fermant pas la nuit. La plupart des boutiques sont quant a elles fermees, mais des salles d'arcade et quelques self-services maintiennent une vague activite nocturne.
Alors que trois ou quatre adolescents se livrent a d'ephemeres discussions virtuelles, l'ecran qui me fait face illumine mon visage d'une morne lumiere clinique. Aussi morne que mes pensees, errant confusement en quete d'une idee, d'une quelconque initiative.
Je me resous a naviguer au gre des pages visitees par les adolescents m'ayant precede. L'historique du browser me porte vers les sites de tristes chanteuses taiwanaises. Vers les confessoirs en ligne de lyceens chinois suicidaires. Vers le vide d'une jeunesse de shopping mall.
Tout a l'heure, je rentrerai chez moi en taxi et une fois couche, peut etre reverai-je de A-Mei.



Friday, June 25, 2004

Lenteur.
Aujourd'hui, pour la premiere fois depuis mon arrivee a Singapour, je m'ennuie. Le ciel est couvert, sans pour autant indiquer la perspective d'un orage liberatoire. Je n'ai rien a faire dehors. Je n'ai personne a voir, personne a appeler.
Ici, dans mon salon, meme mes innombrables disques et mes ouvrages socio-culturels des annees 70 ne m'interessent guere.

Que font-ils tous, la-bas, en Europe? Comment parviennent-ils a soutenir ce vide qui m'a force a fuire? Et moi, pourquoi n'en suis-je pas capable?
Qu'importe.

Thursday, June 24, 2004

Ce soir, rentrant de mon habituelle errance nocturne, je suis surpris par l'atmosphere festive regnant dans le lobby de mon 'condominium'. Malgre ma pietre allure, trempe par la soudaine averse, je m'aventure vers le patio ou l'ensemble du personnel de l'immeuble celebre quelque anniversaire.
Musique d'ambiance, lampions magiques et boissons petillantes. Tout y est.
Je m'attarde, prend quelques photos, puis rentre chez moi gene, trop conscient de mon statut d'intru.

Wednesday, June 23, 2004

L’appartement dans lequel je me suis installe voici trois mois se trouve dans une de ces tours en verre dont les megalopoles asiatiques sont si friandes. A l’evidence, ce complexe residentiel cible une clientele occidentale, plutot familiale. La cohorte de concierges, de ‘bell-boys’ et d’agents en uniforme maintiennent une atmosphere conviviale, alliee a une efficacite discrete. Aujourd’hui, dans l’ascenceur, j’entame une soudaine conversation avec une jeune femme Americaine, assez pimpante. Celle-ci me pose les questions d’usage. Nous nous attardons un peu dans le couloir a l’etage auquel nous vivons tous deux, puis nous disons au revoir, a une prochaine fois. Seul dans mon appartement, je me sens quelque peu desouevre, la femme de menage m’ayant deja ote ces taches auxquelles j’eusse pu m’attarder. Pour l’instant, je laisse la television m’hypnotiser quelques minutes, n’ayant pas de projet a proprement parler. Je sais que l’orage ne va pas tarder.

Sunday, June 20, 2004

Je n’ai pour le moment guere fait de rencontres, preferant profiter au mieux de mon isolement tropical. Meme si cette solitude ne me pese pour ainsi dire pas, je n’exclus pas d’etablir prochainement quelques rapports superficiels avec ces expatries dont la raison sociale ne semble pas tres eloignee de la mienne. Alors que mes relations anciennes, grevees de souvenirs, de rancoeurs et d’obligations, me pesaient, ces groupes d’amis de passage, diplomate ou ‘corporate’, me semblent offrir une rafraichissante legerete. Je discuterai alors de quelques ragots entendus la veille, des merites respectifs de mes trois dernieres femmes de menage, tout en narrant quelque souvenir a demi-vrai, a demi-drole. Colliers clinquants, echanges d’adresses. Delicieux diners desoeuvres en ville.

Saturday, June 19, 2004

Mon appartement n’est qu’a quelques metres de l’Hotel Raffles, mais je m’efforce presque tous les jours a venir ici, en debut de soiree, au “cocktail time”, prendre un verre ou deux, voire y diner. C’est a cette heure-ci que je parviens le mieux a savourer ma distance, mon eloignement, et me lancer dans quelque mediation vaseuse sur la douceur de ce vide existentiel. D’ailleurs, c’est mon eternelle fascination pour la decontextualisation propre a la vie d’hotel qui m’a fait choisir pour destination Singapour, symbole a mes yeux de la ville-hotel, aux racines historiques negligeables et a l’exotisme largement sterilise. Merveilleuses series d’avenues enguirlantees et de centres commerciaux…

Friday, June 18, 2004

"Friends for Life"

C'est ainsi que la brochure du club de gym en bas de mon immeuble vante les ramifications sociales du fitness. Oui, des amis pour la vie. Merveilleux.

Mais ce n'est guere ce dont j'ai besoin. Des reperes, des points d'attache pour la vie? Non. Ici, je perds et suis perdu. Sans traces et introuvable.

Ce delicieux polemiste, George Herbert, dit une fois que "vivre sans amis, c'est mourir sans témoin". Peut-etre demanderai-je a 'Peter' d'ajouter cette phrase sur les cartes de visite de fort mauvais gout, et parfaitement inutiles, que j'ai commanditees.



Thursday, June 17, 2004

Fugua senza fine de taxi en taxi.


Je m’asseois lentement à une des nombreuses tables vides a la terrasse de l’ancien Hotel Raffles, vestige de marque d’une lointaine époque coloniale. La terrasse est principalement vide, malgré la douceur inhabituelle du temps et le coucher de soleil qui désormais ne saurait tarder. Fidèle au cliché, rappelé avec bienveillance par la carte du bar, je commande un Singapore Sling, inventé à ce qu’il parait par le fondateur de la ville, à qui l’hotel doit d’ailleurs son nom.

A unte table voisine, un couple américain, la trentaine, contemple les fruits d’une session de shopping, mentionnant quelques noms, ceux sans doute des destinataires de certains de ces achats. Moi-même, je me souviens de ces lunettes de soleil Ungaro que j’ai trouvées cet après-midi, les enfile et contemple le ciel, satisfait.

Ici, mon cocktail exotique a la main, je me dis que mes souvenirs européens sont bien loins, mes ambitions et mes rêves aussi. N’était-ce d’ailleurs mon intention lorsque je decidai il y a quelques mois de m’installer ici? Mettre un terme a cette course sans but, abandonnant par la même il est vrai ces hauts et ces bas dont la vie est parait-il faite, preferant prudemment empocher mes quelques gains pour une retraite soi-disant dorée.




Envoutant Hotel Raffles...

Wednesday, June 16, 2004

Delicieux air moite m'impregnant une fois le pied pose sur le bitum de la taxi waiting line.

'Peter', mon chauffeur apprete, sait parfaitement ou se situe l'adresse que je lui indique. A l'arriere de la Lexus, je me laisse aller a quelque reverie, berce que je suis par le defilement d'arides tours de beton.

Eternel retour a l'Intercontinental.
Petillant accueil dans le hall formica de Changi. Merveilleux



Singapore Changi International Airport (SIN)

Nous sommes embarque...