Derrière moi, dans le salon, le psychédélisme désuet de 'The Church of Anthrax' nimbe de sa douce cacophonie la pièce vide.
Je suis assis sur une chaise en plastique sur le petit balcon de mon appartement. Je fume une cigarette. En portant mon regard vers le bas de l'immeuble, je distingue les faibles lumières des bicoques qui semblent pousser comme de la mousse aux pieds de baobabs de ciment et de verre.
Du balcon, je peux sentir l'odeur de coriandre qui se dégage de l'étage du dessous, d'une cuisine j'imagine, où s'affaire une servante préparant le dîner des maîtres de maison.
Tuesday, September 07, 2004
Friday, September 03, 2004
Je suis assis à la droite de Lucy Darwinn, la maîtresse de maison, et à la gauche de Philip van Brook. Mademoiselle Darwinn m'a spontanément invité, lors de la réception offerte par l'Ambassadeur du Canada, à ce petit dîner chez elle, entre expatriés. Ne sachant pas exactement ce qui nous lie jusqu'à présent, mis à part un vague commun interêt pour le cinéma thaïlandais, je m'efforce de justifier ma présence par des verbiages plus enjoués qu'à l'accoutumée.
Lucy Darwinn est une jeune divorcée originaire de Toronto, ayant fait le pari "insensé" d'ouvrir une galerie de sculpture contemporaine à Singapour. Après une première année difficile, la galerie semble aujourd'hui avoir trouvé sa clientèle, faite majoritairement de banquiers autochtones en mal de reconnaissance.
La jeune femme semble fascinée, depuis l'autre soir, par mon inactivité et mon exil volontaire dans ce micro-Etat. Pourtant, je lui rétorque, cette inproductivité ne devrait guère être surprenante pour une amie des Arts, dont la charge professionelle reste, de surcroît, fort modérée.
"Mais je suis sûre que vous taisez un projet quelconque.. Un livre? Oui, oui, un livre! Non?
-Non, non, je vous assure. Et puis, vous savez, je ne saurai pas vraiment quoi raconter. Quoi partager."
Celle-ci reste néanmoins persuadée que cette expérience, comme elle la définit, est tout à fait passionnante. Interrompue par notre voisin de table, M. van Brook, s'enquérant de ce en quoi consiste, au juste, cette expérience, Lucy Darwinn dresse un tableau fait d'aliénation urbaine et d'isolement romantique. Van Brook, gérant d'hôtel, opine et renchérit.
"Vous savez, moi, je me suis lancé dans l'hôtellerie par amour pour ces lieux de transit. J'ai toujours eu l'impression que la vie était tellement plus légère, plus pure peut-être, dans un hôtel. Vous voyez ce que je veux dire?
-Oui, très bien, je vois très bien..."
Lucy Darwinn est une jeune divorcée originaire de Toronto, ayant fait le pari "insensé" d'ouvrir une galerie de sculpture contemporaine à Singapour. Après une première année difficile, la galerie semble aujourd'hui avoir trouvé sa clientèle, faite majoritairement de banquiers autochtones en mal de reconnaissance.
La jeune femme semble fascinée, depuis l'autre soir, par mon inactivité et mon exil volontaire dans ce micro-Etat. Pourtant, je lui rétorque, cette inproductivité ne devrait guère être surprenante pour une amie des Arts, dont la charge professionelle reste, de surcroît, fort modérée.
"Mais je suis sûre que vous taisez un projet quelconque.. Un livre? Oui, oui, un livre! Non?
-Non, non, je vous assure. Et puis, vous savez, je ne saurai pas vraiment quoi raconter. Quoi partager."
Celle-ci reste néanmoins persuadée que cette expérience, comme elle la définit, est tout à fait passionnante. Interrompue par notre voisin de table, M. van Brook, s'enquérant de ce en quoi consiste, au juste, cette expérience, Lucy Darwinn dresse un tableau fait d'aliénation urbaine et d'isolement romantique. Van Brook, gérant d'hôtel, opine et renchérit.
"Vous savez, moi, je me suis lancé dans l'hôtellerie par amour pour ces lieux de transit. J'ai toujours eu l'impression que la vie était tellement plus légère, plus pure peut-être, dans un hôtel. Vous voyez ce que je veux dire?
-Oui, très bien, je vois très bien..."
Subscribe to:
Posts (Atom)