Je regarde Takeshi, dans ses yeux embués d'une confuse ivresse. Arrivé ce soir même, celui-ci a lentement atteint cette euphorie vague où les mots peinent à retranscrire des idées mal formées. Je ne lui en veux pas. Je souris en le voyant commander deux autres singapore slings dans un ultime jaillissement d'énergie.
Pendant que celui-ci sombre dans une ébriété muette mais heureuse, je me retourne pour mieux contempler l'arrière salle du bar. Là-bas, dans le coin, je reconnais Mike L. bavardant avec un collègue. Plus loin, un vieux Chinois, auquel j'ai récemment vendu une sculpture finlandaise des années 60, me salue avec bienveillance.
Un perroquet s'agite dans une cage posée derrière le bar. Suivant mon regard, la serveuse me jette une regard complice.
Je tape Takeshi sur l'épaule pour le réveiller de sa torpeur, je me penche, et lui murmure: "Baaderonix".
Friday, September 09, 2005
Wednesday, August 31, 2005
Je traverse le tunnel de la zone ouest au volant de la Saab que Marceau m'a récemment prêté. Bientôt E. et moi arriverons à l'aéroport de Changi. E. m'attendra alors en double file. Je descendrai l'escalator menant aux arrivées et je me dirigerai vers le bureau Lufthansa. L'employée me donnera alors le billet et me rendra un sourire. Je m'arreterai pour acheter des cigarettes, puis après avoir tourné en rond une dizaine de minutes, je regagnerai la voiture et mettrai le billet dans la boîte à gant. Peut-être, irons-nous alors manger quelque chose au dernier étage d'Isetan.
Thursday, August 25, 2005
Wednesday, August 24, 2005
"Free at last!"
Le slogan un peu kitsch de la nouvelle compagnie aérienne low-cost de M. Choo tapisse les murs de la salle de fête louée pour célébrer son lancement. Je fais remarquer à Mme. Perron la sinistre moquerie faite aux mouvements de libération des peuples dont, M. Choo est d'une façon un rejeton. Mme. Perron rit confusément.
Je revois les images du vieillard qui s'est effondré devant moi hier, mort à l'arrivée des secours, tandis que les mots de Claudine résonnent à nouveau dans ma tête. Une étrange impression de clôture s'en dégage. Il est temps d'agir, peut-être. Mais où commencer?
Je m'avance vers M. Choo, lui tendant la main. Il rayonne.
"Ah, vous êtes venu!" il s'exclame. "Et où est donc votre amie?"
Je hausse les épaules et m'éloigne. Vous n'en avez vraiment pas la moindre idée, Monsieur Choo... "Free at last"
Le slogan un peu kitsch de la nouvelle compagnie aérienne low-cost de M. Choo tapisse les murs de la salle de fête louée pour célébrer son lancement. Je fais remarquer à Mme. Perron la sinistre moquerie faite aux mouvements de libération des peuples dont, M. Choo est d'une façon un rejeton. Mme. Perron rit confusément.
Je revois les images du vieillard qui s'est effondré devant moi hier, mort à l'arrivée des secours, tandis que les mots de Claudine résonnent à nouveau dans ma tête. Une étrange impression de clôture s'en dégage. Il est temps d'agir, peut-être. Mais où commencer?
Je m'avance vers M. Choo, lui tendant la main. Il rayonne.
"Ah, vous êtes venu!" il s'exclame. "Et où est donc votre amie?"
Je hausse les épaules et m'éloigne. Vous n'en avez vraiment pas la moindre idée, Monsieur Choo... "Free at last"
Tuesday, March 15, 2005
Un après-midi de pré-printemps sur Clark Quays. Je regarde les petites mains des bars environnants qui s'affairent tantôt à liquider les restes de la veille, tantôt a préparer les tables pour la soirée. Je suis sans doute le seul client sur le ponton, n'ayant pu m'y asseoir que grâce à l'hospitable bonhommie de John Wang, propriétaire du Jaipur Café.
Quelques femmes promènent leurs enfants, d'autres, plus jeunes, font un dernier jogging au bord de l'eau, avant sans doute de rentrer se changer pour un médiocre cocktail de début de semaine. L'une d'entre elles s'arrête, me dévisage, sourit de ma confusion. Elle enlève ses lunettes et je la reconnais.
"Cela faisait longtemps que vous aviez disparu! Certains pensaient que vous etiez parti sans prévenir!
-Ahh... Non, non, pensez vous! Je suis resté un peu... à l'écart."
Je promets de me joindre au prochain brunch mensuel des parents d'élèves du Lycée International. "Ca sera pour une bonne cause!"
Le temps est passé et que m'a apporté ma reclusion? Je pensais pouvoir tromper mon ennui du monde en l'effacant artificiellement, en tentant de l'oublier, mais c'est moi même que je dois tromper.
A l'évidence, j'y crois encore.
Quelques femmes promènent leurs enfants, d'autres, plus jeunes, font un dernier jogging au bord de l'eau, avant sans doute de rentrer se changer pour un médiocre cocktail de début de semaine. L'une d'entre elles s'arrête, me dévisage, sourit de ma confusion. Elle enlève ses lunettes et je la reconnais.
"Cela faisait longtemps que vous aviez disparu! Certains pensaient que vous etiez parti sans prévenir!
-Ahh... Non, non, pensez vous! Je suis resté un peu... à l'écart."
Je promets de me joindre au prochain brunch mensuel des parents d'élèves du Lycée International. "Ca sera pour une bonne cause!"
Le temps est passé et que m'a apporté ma reclusion? Je pensais pouvoir tromper mon ennui du monde en l'effacant artificiellement, en tentant de l'oublier, mais c'est moi même que je dois tromper.
A l'évidence, j'y crois encore.
Saturday, December 18, 2004
Lucy Darwinn jette un regard faussement ennuyé sur le portrait de Bernardine Dohrn, suspendu au dessus de ma table de chevet. Puis, celle-ci retrouve soudainement une badinerie enfantine qui m'agace légèrement.
"-Un peu démodé, non?
-A quelques choses près, je n'ai rien changé, vous savez..."
Dans le salon, des rires retentissent. Une sorte de toast vient semble-t-il d'être porté. Ce soir, en effet, j'organise un cocktail chez moi. Une soirée quelconque de vendredi soir. Je repense sans raison à Lisa-Lotte. "Nous voici enfin dans la tanière de la bête!" hurle Dieter Zugermann.
Lisa Darwinn me tire par le bras et me murmure "nous sommes embarqués..."
"-Un peu démodé, non?
-A quelques choses près, je n'ai rien changé, vous savez..."
Dans le salon, des rires retentissent. Une sorte de toast vient semble-t-il d'être porté. Ce soir, en effet, j'organise un cocktail chez moi. Une soirée quelconque de vendredi soir. Je repense sans raison à Lisa-Lotte. "Nous voici enfin dans la tanière de la bête!" hurle Dieter Zugermann.
Lisa Darwinn me tire par le bras et me murmure "nous sommes embarqués..."
Tuesday, December 14, 2004
Ce soir, après une longue absence, je retrouve mes congénères dans la salle de réception de l'hôtel Intercontinental. Nous sommes réunis pour le lancement de l'initiative "Solidarité pour les orphelins de Changi", une vente aux enchères organisée par Lucy Darwinn. Celle-ci, me considérant comme un "trend-setter" respecté par la communauté, m'a confié la tâche d'aiguiller les acheteurs potentiels en livrant quelques bon mots sur des oeuvres choisies.
Sur le coup de minuit, je partage une anecdote factice sur la jeunesse de Kanto, sculpteur du cru, avec le un banquier texan récemment retraité. Lucy Darwinn m'adresse un clin d'oeil. Derrière moi, j'entends un couple allemand se souvenir de vacances à Odessa. En rentrant, il me faudra passer un coup de téléphone à ma banque et ne pas oublier de déposer le cadeau d'anniversaire du fils du gardien du parking.
Sur le coup de minuit, je partage une anecdote factice sur la jeunesse de Kanto, sculpteur du cru, avec le un banquier texan récemment retraité. Lucy Darwinn m'adresse un clin d'oeil. Derrière moi, j'entends un couple allemand se souvenir de vacances à Odessa. En rentrant, il me faudra passer un coup de téléphone à ma banque et ne pas oublier de déposer le cadeau d'anniversaire du fils du gardien du parking.
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